17 septembre 2017

Les incroyables et périlleuses aventures de Gabriel Latulipe tome 1 : L'alchimiste du mal par Benjamin Faucon

Auteur: Benjamin Faucon
Éditeur: AdA
Collection: ---
Pages: 328 pages
Parution: 8 septembre 2015


Quatrième de couverture: 

Au nord du royaume se trouve une imposante muraille protégeant la civilisation des assauts répétés d'une nature indomptable. Derrière ces murs de pierre, de menaçantes créatures voguent parmi une végétation aussi effrayante que luxuriante. 

En arrivant à l'académie des sciences de la nature, Gabriel s'imaginait que tous ses problèmes ne seraient que de lointains cauchemars. Pourtant, une simple excursion dans les terres interdites le plonge, avec son ami, dans un monde des plus sombres, là où le mal peut prendre l'apparence d'un arbre ou d'une simple plante. 

Et si toutes les craintes du royaume étaient réelles ? C'est ce que va découvrir Gabriel, bien malgré lui... 

Mon avis: 

Ce roman met en avant la vie de Gabriel Latulipe, 11 ans, qui entame un voyage bien particulier un jour où il tentait de fuir ses intimidateurs. Ce jeune garçon plein de vie attirait en effet les foudres de ses camarades de classe au vu de sa trop grande passion pour la nature. Il était donc le "nerd" par excellence, toujours la tête tournée vers les nuages ou vers le sol, à la recherche de nouveaux phénomènes à découvrir. Le jour où il tente d'échapper, une fois de plus, à ses poursuivants à la sortie de l'école, il se cache dans un buisson de roses, qui le transporte dans un autre monde tout à fait différent (Narnia ?), mais qui est en même temps similaire puisque ses parents et son voisin habitent aussi dans ce nouveau monde. 

On nous présente donc le périple de Gabriel à partir de ce moment, périple qui est marqué par son entrée à l'Académie des sciences de la nature, très loin de la résidence familiale. Gabriel s'y fera de nouveaux amis, et sera entraîné dans une affaire très dangereuse qui a alors lieu à l'académie. Bien honnêtement, je me sentais un peu dans un Harry Potter à l'école des sorciers remastérisé. Beaucoup d'éléments ont été repris, entre autres l'idée d'une entrée dans une nouvelle école où un professeur particulier ne l'aime pas beaucoup et est très sévère à son égard (Rogue), ou un ami qui est un peu bête mais loyal, et qui a peur de tout (Ron, et désolé si ma description du personnage ne ressemble pas à l'idée que vous vous faites de Ron), ou alors que le méchant est impliqué dans l'école. 

Je n'ai rien contre les histoires reprenant le schéma de Harry Potter. Il faut toutefois que cela soit bien fait. Malheureusement, je n'ai pas trouvé que c'était le cas ici. L'auteur n'a pas assez, à mon avis, axé sur les éléments originaux de son histoire. Premièrement, nous n’assistons réellement à aucun des cours de l'académie, ce que j'ai trouvé plutôt dommage considérant que le coeur du monde dans lequel est plongé Gabriel est très différent en raison de la déférence qu'ont les habitants pour la nature. Or, aucun passage du livre ne nous explique pourquoi est-ce que les habitants agissent ainsi, mais on sait par contre qu'il ne faut jamais couper une fleur ! C'est un élément de l'univers qui a été très mal exploité à mon avis. En effet, il y avait beaucoup de potentiel derrière cette idée de plantes plus "vivantes", ou alors de vision plus écologique de la préservation de la nature. Je n'ai donc pas été comblée par les informations qui m'ont été donné par l'auteur (soit, à mon avis, aucune). 

Ensuite, un autre élément que je reproche à ce livre se retrouve au niveau de l'écriture même. En soi, les passages narratifs et descriptifs du roman étaient extrêmement bien écrit, dans le sens que le vocabulaire utilisé était très riche et que l'on pouvait clairement se faire une idée de l'environnement dans lequel les personnages évoluaient. Le problème se situait au niveau des dialogues. En fait, ceux-ci étaient clairement rédigés pour des enfants de 11 ans, soit le public cible de l'histoire. Au contraire, le reste du roman employait plutôt un vocabulaire destiné à de jeunes adultes (ex: "conciliabules" ou "camaïeu", etc.). J'ai donc beaucoup de difficultés à déterminer à qui était destiné cette histoire, considérant que les enfants ne comprendront pas les passages autres que les dialogues et les adultes trouveront les dialogues trop enfantins. 

J'ai aussi trouvé qu'il y avait par moment un problème de rythme au niveau du récit. En effet, on voit bien que l'auteur veut donner le plus de détails possibles dans toutes les situations, ce qui est très bien dans certaines occasions, mais moins dans d'autres. Ainsi, au moment d'une course-poursuite, je m'attends à retrouver de très courtes phrases d'action, et non pas à savoir à quoi ressemble le chandelier et quel était son utilité dans le château (alors que celui-ci n'est même pas utilisé par le personnage). Cela cassait le rythme de peur et d'excitation, et rendait moins agréable la lecture. De plus, j'ai aussi trouvé un léger défaut au niveau des choix de certains termes dans l'histoire, mais je sais très bien qu'il s'agit d'une tare québécoise qui atteint beaucoup d'auteurs. En effet, j'ai retrouvé certains mots plus "québécois" dans le texte, et cela m'a un peu titillé (par exemple: accoté sur quelque chose). Ce n'est qu'un détail, mais je crois que nos amis européens n'auraient peut-être pas compris le sens de certains mots. 

Plus concernant l'histoire en tant que telle, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi Gabriel déteste autant ses cours à l'académie, considérant que c'était la seule chose qu'il voulait étudier quand il était dans son monde. De plus, il a aussi énormément changé de caractère en l'espace d'à peu près une semaine,  ce à quoi j'ai de la difficulté à adhérer. Les personnages doivent vivre des événements incroyablement difficiles pour changer de personnalité entre le début et la fin de l'histoire, ce qui n'a clairement pas été le cas. Je ne comprends pas non plus la soudaine indépendance de Gabriel vis-à-vis de ses parents. Jamais il ne tente de retourner dans son monde, ou même auprès de sa famille de ce monde. De plus, il n'y pense que très rarement, se satisfaisant de la présence de ses amis et professeurs. Je trouve cela quelque peu déconnecté de la réalité, surtout pour un enfant de 11 ans qui ne détestait pas sa famille à la base. 

Passons maintenant aux points que j'ai apprécié de l'histoire. D'abord, j'ai bien aimé le clin d'oeil à la Montérégie pour le nom du transport jusqu'à l'académie. J'ai aussi bien apprécié la référence du système politique à celui du Canada : une royauté sans réel pouvoir de décision, mais qui a tout de même une influence sur les décisions, et un gouvernement élu dirigé par un premier ministre et son cabinet. On s'entend toutefois pour dire qu'il s'agissait d'une utopie de la politique canadienne, considérant que la royauté anglaise n'a vraiment pas de pouvoir au Canada, ni même d'influence sur l'opinion populaire. J'ai aussi bien aimé l'intrigue en toile de fond qui se dessine au fur et à mesure de l’histoire, avec l'implication des technocrates. Encore une fois, il s'agit d'une très bonne idée avec un bon filon. Il ne reste qu'à bien l'exploiter dans le futur ! 

Comme vous le comprendrez à la lecture de mon avis, j'ai été quelque peu déçue par ce roman. Les éléments étaient là, mais n'ont pas été assez bien exploités. De plus, le style d'écriture de l'auteur au niveau des dialogues (et de la révélation trop facile d'informations) ne m'a pas séduite, et ce contrairement aux passages narratifs et descriptifs, qui étaient magnifiques. Je ne désire toutefois pas que ma chronique freine des lecteurs potentiels. Je suis consciente que je suis très négative au niveau de cette lecture, mais cet avis n'est que le mien et le vôtre peut être très différent de celui-ci. Je crois tout de même qu'un enfant de 10 à 14 ans saura mieux apprécié cette lecture que moi !

Toutefois, considérant le très grand nombre de petits éléments qui m'ont dérangé dans ma lecture, je ne poursuivrai pas cette série. 

9/12
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